The Dark Side of Rimbaud

Les textes présent dans l'Album Zutique de Rimbaud ne figurent, comme le disait fort justement Guillaume, pas toujours dans les éditions courantes de l'oeuvre de Rimbaud et ont de quoi surprendre par leur aspect parodique ou scatologique, en tout cas par leur mépris des bienséances.
En ce sens, ils illustrent parfaitement l'attitude du groupe au sein duquel ils ont pris naissance : le cercle zutique. Le mot zut, sur lequel cet adjectif est formé, laisse très bien deviner leur objectif : refuser les valeurs trop aveuglément admises et scandaliser les bourgeois (et notre administrateur, par la même occasion !).
Ce "cercle" est issu de la rencontre hasardeuse de jeunes écrivains, essentiellement poètes, que réunissaient le dégoût des formes dominantes et un désir encore mal défini d'expression nouvelle.
Ainsi se retrouvèrent Charles Cros et Verlaine -qui intégrèrent Rimbaud dans cette assemblée- de même que d'autres poètes plus obscurs qui, au cours de leurs réunions, consignaient sur une sorte de registre que l'on désigne aujourd'hui sous le nom d'Album Zutique, leurs impressions, des poèmes -souvent parodiques et presque toujours libertins- et des dessins fort "libres", si j'ose dire.
C'est dans ce recueil que nous trouvons donc les oeuvres de Rimbaud.
Mais leurs grivoiseries, leurs allusions multiples et diverses, ne doit pas masquer l'intérêt qu'elles présentent sur d'autres points. Elles affirment un talent de pasticheur, témoignent d'inquiétudes profondes (cf "Les Remembrances du vieillard idiot") et sont ainsi plus importantes qu'on ne le pense.

L'Idole
ou
Sonnet du Trou du Cul

Obscur et froncé comme un oeillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse.
Humide encor d'amour qui suit la fuite douce
Des Fesses blanches jusqu'au coeur de son ourlet.

Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous le vent cruel qui les repousse,
À travers de petits caillots de marne rousse
Pour s'aller perdre où la pente les appelait.

Mon Rêve s'aboucha souvent à sa ventouse ;
Mon âme, du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.

C'est l'olive pâmée, et la flûte caline ;
C'est le tube où descend la céleste praline :
Chanaan féminin dans les moiteurs enclos !

Albert Mérat.
P.V.-A.R.

Le sonnet reprend, pour le parodier, le titre d'un recueil d'Albert Mérat (L'Idole) où l'auteur célébrait les diverses beautés du corps féminin, sans pour autant aller jusqu'aux mêmes "intimités" qu'ici.
La signature d'Albert Mérat est évidemment une plaisanterie des deux auteurs du sonnet dont les initiales P.V. et A.R. s'interprètent aisément: Paul Verlaine et Arthur Rimbaud.

Et laissez-moi ajouter une autre précision quant à la part respective de cette collaboration Rimbaud-Verlaine : les quatrains du sonnet sont de Verlaine et les tercets de Rimbaud.

Que veux-tu que je te dise sur l'image ?

Non ! L'Album Zutique ne se résume pas au "Sonnet du trou du cul" !
Il y a plein de choses à ajouter ! L'Album Zutique ne compte pas qu'un seul poèmes, mais 23 !

Je ne m'offusque pas!

Je te conseille même d'aller jeter un oeil sur ce site (très bien fait) dédié à Arthur Rimbaud, créé à l'occasion du 150ème aniversaire du poète en 2004 : http://www.rimbaud-arthur.fr/

Les Remembrances Du Vieillard Idiot

Pardon, mon père !
Jeune, aux foires de campagne,
Je cherchais, non le tir banal où tout coup gagne,
Mais l'endroit plein de cris où les ânes, le flanc
Fatigué, déployaient ce long tube sanglant
Que je ne comprends pas encore !...

Et puis ma mère,
Dont la chemise avait une senteur amère
Quoique fripée au bas et jaune comme un fruit,
Ma mère qui montait au lit avec un bruit
- Fils du travail pourtant, - ma mère, avec sa cuisse
De femme mûre, avec ses reins très gros où plisse
Le linge, me donna ces chaleurs que l'on tait !...

Une honte plus crue et plus calme, c'était
Quand ma petite soeur, au retour de la classe,
Ayant usé longtemps ses sabots sur la glace,
Pissait, et regardait s'échapper de sa lèvre
D'en bas serrée et rose, un fil d'urine miève !...

O pardon !
Je songeais à mon père parfois :
Le soir, le jeu de carte et les mots plus grivois,
Le voisin, et moi qu'on écartait, choses vues...
- Car un père est troublant ! - et les choses conçues !..
Son genou, câlineur parfois ; son pantalon
Dont mon doigt désirait ouvrir la fente, ... - oh ! non ! -
Pour avoir le bout, gros, noir et dur, de mon père,
Dont la pileuse main me berçait !...

Je veux taire
Le pot, l'assiette à manche, entrevue au grenier,
Les almanachs couverts en rouge, et le panier
De charpie, et la Bible, et les lieux, et la bonne,
La Sainte-Vierge et le crucifix...

Oh ! personne
Ne fut si fréquemment troublé, comme étonné !
Et maintenant, que le pardon me soit donné :
Puisque les sens infects m'ont mis de leurs victimes,
Je me confesse de l'aveu des jeunes crimes !...
............................................
Puis ! - qu'il me soit permis de parler au Seigneur !
Pourquoi la puberté tardive et le malheur
Du gland tenace et trop consulté ? Pourquoi l'ombre
Si lente au bas du ventre ? et ces terreurs sans nombre
Comblant toujours la joie ainsi qu'un gravier noir ?

- Moi j'ai toujours été stupéfait ! Quoi savoir ?
..................................................
Pardonné ?...
Reprenez la chancelière bleue,
Mon père.

O cette enfance ! ................................
........................................................
.....................- et tirons nous la queue !

Je ne pouvais point parler de l'Album Zutique sans parler de ce poème qui est le signe d'une inquiétude juvénile envers la sexualité que laissait déjà deviner "Les Accroupissements" ou "Les poètes de sept ans".
Dans le mot remembrances, il ne faut pas seulement percevoir le vieux mot souvenirs, mais aussi le mot membre, viril naturellement.

Et pourtant, je n'invente rien et ne fais que retranscrire le texte original écrit par ce cher Arthur...

"Il a deux trous rouges au côté droit."
Rimbaud n'a sans doute pas été indifférent aux reproches faits à Victor Hugo pour ce premier vers de Souvenir du 4 (Châtiments, II, 4) : "L'enfant avait reçu deux balles dans la tête."

Le recueil des Poésies de Rimbaud contient deux textes relatifs au conflit qui, en 1870, oppose la France à l'Allemagne. Le 2 août, Napoléon III assiste à la prise de Sarrebruck ; victoire dérisoire et unique puisque la reconquête de la ville aura lieu le 6, inaugurant une série de défaites françaises. La propagande a voulu magnifier ce fait d'armes, vantant le mérite de l'empereur et de ses armées. En octobre 1870, la déroute nationale vient de provoquer la chute du Second Empire. Arthur Rimbaud écrit L'Eclatante victoire de Sarrebruck, remportée aux cris de 'Vive l'Empereur !'. Il faut y voir, bien entendu, la dérision, allégorique et colorée, d'un souverain prisonnier de son ennemi. Durant ce même mois d'octobre 1870, Rimbaud compose aussi Le Dormeur du Val, vibrante dénonciation des atrocités inutiles de la guerre, du sacrifice de soldats fauchés dans leurs jeunes années.

Paul Verlaine est l'auteur de douze pièces auxquelles s'ajoute Le sonnet du Trou du Cul, écrit avec Rimbaud, qui sera repris dans son recueil Hombre, oeuvre dédiée à l'homosexualité.

Voici reproduit ici l'un des sonnets écrits par Verlaine au sein du cercle zutique :

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Il s'agit du poème liminaire -ouverture du recueil- d'Une saison en Enfer d'Arthur Rimbaud, qui compte huit chapitres rédigés pour la plupart en prose : Mauvais Sang, Nuit de l'Enfer, Délires I et Délires II, L'impossible, L'éclair, Matin et Adieu.
Les trois premiers chapitres lui permettent de se rebeller contre ses origines et son baptême, de s'interroger sur la religion, Dieu et l'histoire, de parler de son style. Le ton est percutant, alerte, parfois obscur (Dark), toujours direct et efficace. L'impossible, quant à lui, est une attaque contre l'Occident, qui exige que l'on entre dans le rang. Avec le christianisme, "l'homme se joue, se prouve les évidences", alors que l'esprit éveillé, c'est-à-dire conscient et indépendant, conduit à la pureté que Rimbaud à parfois entrevue. Dans L'éclair, il prend à témoin le travail humain, qui pourrait apporter la solution. Mais non, son âme est trop alerte, rebelle. Rimbaud sort de cet Enfer pour contempler le Matin, un monde nouveau et un avenir faits d'un autre travail, d'une sagesse nouvelle. Adieu est l'automne, la saison des brumes et des petits matins frisquets. Rimbaud regarde son Enfer s'éloigner ; l'avenir s'annonce radieux. Il entamera ses grands voyages dès février 1875. La poésie sera derrière lui.

Deux films documentaires de Jean-Philippe Perrot : "Arthur Rimbaud, Liberté Libre - Une biographie des Ardennes à l'Ethiopie" et "Athar, sur les traces de Rimbaud - Ethiopie-Djibouti-Yemen".

http://fr.youtube.com/watch?v=HbU9Q-4ckcY

Je crains de ne pouvoir saisir pleinement votre démarche, mon cher Guillaume : pouvez-vous m'expliquer ce que le groupe de musique punk rock'n'roll 'My Chemical Romance' vient faire dans le sujet consacré à Arthur Rimbaud ? Peut-être y a-t-il un parallèle entre Arthur Rimbaud et 'My Chemical Romance', Rimbaud ayant influencé de nombreux groupes de rock'n'roll - surtout dans les années 70, lors du mouvement hippie. En revanche, je suis vraiment perdu dans la situation présente, voyez-vous ? Veuillez donc au plus tôt éclairer ma lanterne, très cher ami !

Pour tenter de montrer l'influence de Rimbaud sur les artistes contemporains, je prendrai l'exemple de Jim Morrison - déjà cité dans ce forum -, notamment pour son recueil posthume de poèmes intitulé The American Nigth (La Nuit Américaine), où il évoque les promesses de son enfance :

Ce texte de Jim Morrison ressemble à la parabole "Après le Déluge" des Illuminations, où le poète français décrit la tempête ayant rendu au monde son innocence primitive : la simplicité a envahi toute chose ; les fleurs sortent de la terre humide et un lièvre dit une prière à l'arc-en-ciel.

Permettez-moi de donner mon avis quant aux morceaux mis en ligne, mon très cher Guillaume, bien que ma connaissance dans le domaine musical soit des plus limitées...
Pour ma part, j'apprécie beaucoup le titre Demolition Lovers. Quel titre, en effet ! Si la fin du monde devait arriver, Demolition Lovers en serait la bande son idéale ! Boule de nerfs à vif, concentré de rage intestine, tout est fait pour rendre l'auditeur fou, le faire plier à l'usure : My Chemical Romance ne cherche pas le K.O, mais semble vouloir faire tomber son adversaire d'épuisement, jouant parfaitement sur la fine frontière entre son clair et son crade. Si le rythme ralentit, ce n'est que pour livrer des passages sombres et oppressants où le leader démontre ses qualités de chanteur, dans un registre loin des viscérales beuglantes composant le reste du morceau. Dantesque, tout simplement...

Merci, ô Guillaume, pour ces quelques précisions !

Afin de revenir au sujet qui nous intéressait précédemment, voici deux extraits du film "Eclipse Totale", sorti en 1995, qui retrace de façon assez fidèle la vie de Rimbaud et Verlaine entre 1872 et 1873. Les poètes y sont magistralement interprétés par Leonardo DiCaprio, dans le rôle de Rimbaud, et David Thewlis, dans le rôle de Verlaine. Etait-il néanmoins nécessaire d'insister lourdement sur l'homosexualité célèbre des deux écrivains ? A titre d'exemple, la séquence où Rimbaud pratique une sodomie sur Verlaine me semble de très mauvais goût. On ne peut ainsi réduire leur relation à ce méprisable voyeurisme ! Certaines scènes demeurent toutefois pleines d'émotion, malgré un épanchement souvent brutal, presque effrayant...
L'un des rares films consacrés à Rimbaud, ayant donc, comme chacun, ses qualités et ses défauts.

https://www.dailymotion.com/relevance/search/eclipse+totale+rimbaud+verlaine/video/x3ffmr_leonardo-dicaprio-arthur-rimbaud_shortfilms

Cette première vidéo est en vérité un clip composé sur le morceau Stop Crying Your Heart Out du groupe de pop anglaise Oasis.

https://www.dailymotion.com/video/x20spr_eclipse-totale-rimbaud-verlaine_shortfilms

La seconde est une reconstitution des mythiques banquets littéraires, où l'on lisait des poèmes en sirotant des alcools forts. L'arrogance et la violence d'Arthur Rimbaud lui en fermeront d'ailleurs les portes.

Rimbaud lorsqu'il ecrivit Le bateau ivre en 1871 fut sans doute influencé par cette position sexuelle du même nom proche de la position du missionnaire

L’homme s’agenouille au bord du lit face à sa partenaire qui est couchée sur le dos. Il peut soulever légèrement les jambes de la femme (un coussin peut être placé sous les fesses), en les tenant par les chevilles et accomplit un mouvement de va et vient.

Signalons que si cette position permet à l'homme de mieux voir la pénétration, et donc de mieux la maîtriser, elle exige d'avoir une bonne hauteur du couchage de la femme : si le lit n'a pas une hauteur adaptée à la longueur des cuisses de l'homme, celui-ci sera obligé de se mettre semi-debout. De plus, cette position ne laisse pas beaucoup d'amplitude de mouvements à la femme.