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 Dante Alighieri

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Clément

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MessageSujet: Dante Alighieri   Dante Alighieri Icon_minipostedVen 25 Jan - 19:03

Dante Alighieri Dante

Né à Florence en 1265, Dante Alighieri, mondialement connu sous son seul prénom, comme beaucoup d'artistes italiens d'autrefois, est mort en exil, à Ravenne, en 1321. Issu d'une famille appartenant à la petite noblesse, il aperçoit pour la première fois, en 1274, Béatrice, une jeune fille encore inconnue ; il la revoit deux fois encore par la suite, sans jamais faire sa connaissance, sans jamais lui adresser la parole, et pourtant c'est pour elle qu'il écrit la Vita nuova, et c'est elle qui occupe une place prépondérante dans la Divina Commedia. De l'éducation qu'il a reçue, on ne sait presque rien, si ce n'est qu'il vit à Bologne vers 1285, où il poursuit des études supérieures. Mais il suffit de lire son œuvre pour comprendre que cet homme possède des connaissances encyclopédiques, couvrant quasiment tout le savoir de son temps.
La vie politique florentine est pour le moins compliquée à l'époque, comme dans toute l'Italie. Deux groupes majeurs se disputent le pouvoir : les guelfes d'un côté, qui soutiennent le pouvoir temporel du pape et émettent des revendications nationalistes ; les gibelins de l'autre, qui soutiennent l'autorité émanant du Saint-Empire romain germanique, lequel exerce une forte influence en Italie. En fait, plus que d'une simple opposition, il s'agit d'une véritable guerre civile : Dante, partisan des guelfes, participe en 1289 à la bataille de Campaldino, qui oppose les deux factions ; les Florentins y remportent la victoire sur les gibelins de Pise et d'Arezzo. Le parti guelfe est cependant victime d'une scission et se divise en deux clans rivaux : les guelfes blancs, modérés désirant garder leur indépendance tant face au pape que face à l'empereur, et les guelfes noirs, extrémistes considèrant le pape comme un allié dans leur lutte contre l'empire.
Dante, qui a épousé entre-temps Gemma Donati, jeune femme appartenant à une famille guelfe jouant un rôle politique important à Florence, se range du côté des guelfes blancs. Il participe d'ailleurs activement à la vie politique de sa ville natale de 1295 à 1301, occupant des fonctions administratives ou chargé de missions diplomatiques. C'est durant cette période que la lutte entre les blancs et les noirs s'intensifie, au point que le Conseil dirigeant Florence décide, pour calmer les esprits et restaurer un climat plus serein dans la cité, d'exiler les chefs des deux factions. Mais les noirs, grâce au soutien du pape Boniface VIII, réapparaissent dès 1301 et s'emparent du pouvoir.
En 1302, alors qu'il est en mission auprès du pape, Dante, en tant que guelfe blanc, est condamné à un exil de deux ans et à une forte amende. Comme il est dans l'impossibilité de payer celle-ci, il est condamné à mort s'il ose rentrer à Florence, ce qui équivaut à un exil définitif. Il séjourne dès lors dans diverses villes d'Italie du nord, notamment à Vérone, et effectue un voyage en France. Dans le même temps, il change radicalement d'opinion politique : pensant qu'un empereur éclairé pourrait élaborer une union européenne qui éviterait guerres et conflits, il embrasse la cause des gibelins. En 1316, le Conseil de la cité autorise Dante à revenir dans sa ville natale, mais à des conditions telles que le poète refuse énergiquement : il ne reviendra que si Florence le rétablit dans sa dignité et lui rend les honneurs qui lui sont dus. Il passe donc la fin de sa vie à Ravenne, où il meurt en 1321. C'est là qu'il est enterré aujourd'hui.
Dans la Divine Comédie, Dante raconte en toscan - la madre lingua, qui deviendra l'italien grâce à lui - le voyage imaginaire qu'il effectue, guidé par Virgile puis par Béatrice, de l'Enfer au Paradis, en passant par le Purgatoire ; chacun des lieux visités contitue une partie de l'œuvre - L'Enfer, Le Purgatoire, Le Paradis - et chacune de ces parties est divisée en trente-trois chants en vers.



La Divine Comédie - L'Enfer

Chant III


Dante arrive à la porte de l'Enfer en compagnie de Virgile. Il rencontre ici les âmes de ces hommes incapables de bien et de mal qui ont tenu leur existence neutre et lâche, à l'écart de tous les partis, loin de tous les périls. Dante parvient ensuite au bord de l'Achéron, où il trouve le nocher Caron et les âmes qui traversent le fleuve dans sa nacelle. Succombant à tant d'émotions, il tombe et s'endort.


« C'est par moi que l'on va dans la cité plaintive :
Aux tourments éternels c'est par moi qu'on arrive :
C'est par moi qu'on arrive à l'exécré séjour.

La justice divine a voulu ma naissance ;
L'être me fut donné par la toute-puissance,
La suprême sagesse et le premier amour.

Rien ne fut avant moi que choses éternelles,
Moi-même à tout jamais je dois durer comme elles.
Laissez toute espérance en entrant dans l'Enfer ! »

Au sommet d'une porte en sombres caractères
Je vis gravés ces mots chargés de noirs mystères :
« Maître, fis-je, le sens de ces mots est amer ! »

Mais lui d'une voix ferme : « Il n'est plus temps de craindre !
Tout lâche sentiment dans ton coeur doit s'éteindre ;
Il faut tuer ici le soupçon et la peur.

Voici les régions, celles que je t'ai dites,
Où doivent tes regards voir les races maudites
Qui de l'intelligence ont perdu le bonheur. »

A ces mots il me prit par la main, son visage
Avait un air de paix qui me rendit courage :
Avec lui dans l'abîme il me fit pénétrer.

Là, soupirs et sanglots, cris perçants et funèbres
Résonnaient du milieu de profondes ténèbres :
Dans mon saisissement je me mis à pleurer.

Idiomes divers, effroyable langage,
Paroles de douleur et hurlements de rage,
Voix stridentes et voix sourdes, mains se heurtant ;

Tout cela bruissait confusément dans l'ombre,
Eternel ouragan de cet air toujours sombre,
Comme un sable emporté par le vent haletant.

Et moi, les yeux couverts d'un bandeau de vertige :
« Qu'est-ce donc que j'entends, maître, et quel est, dis-je,
Le peuple qu'à ce point la douleur a vaincu ? »

Mon maître : « Ces mots sont le partage,
Le misérable sort des âmes sans courage,
De ceux qui sans opprobre et sans gloire ont vécu.

Ils sont mêlés au choeur de ces indignes anges
Qui ne luttèrent pas, égoïstes phalanges,
Ni pour ni contre Dieu, mais qui furent pour eux.

Le ciel les a chassés de ses parvis sublimes,
Et le profond Enfer leur ferme ses abîmes,
Car près d'eux les maudits sembleraient glorieux. »

— « O maître, quel fardeau de maux insupportables
Les force de pousser des cris si lamentables ? »
— « Sache en deux mots, dit-il, que tous ces malheureux

D'une seconde mort ont perdu l'espérance ;
C'est leur abjection qui cause leur souffrance,
Et le sort le plus dur serait plus doux pour eux.

Dans le monde leur nom n'a pas laissé de trace ;
Trop bas pour la Justice et trop bas pour la Grâce !
va, ne parlons plus d'eux, mais regarde, et passons. »

Et regardant je vis un étendard livide
Courant comme indigné, tant sa course est rapide,
Et tournoyant dans l'air agité de frissons.

Et derrière venaient les bandes malheureuses.
Et moi je m'étonnais, les voyant si nombreuses,
Que la Mort de ses mains en eût autant défait !

J'en reconnus plusieurs au milieu de la file.
Tout à coup dans les rangs j'aperçus l'ombre vile
De celui qu'un refus souilla plus qu'un forfait.

Je compris, et j'eus bien alors la certitude
Que j'avais sous les yeux la triste multitude
Qui doit déplaire à Dieu comme à ses ennemis.

Ces lâches, toujours morts, même pendant leur vie,
Étaient nus ; ils fuyaient, car sur leur chair flétrie
D'avides moucherons, des guêpes s'étaient mis.

Un sang pauvre coulait, et rayait leur visage,
Et tout mêlé de pleurs tombait, hideux breuvage,
A leurs pieds recueilli par des vers dégoûtants.

Je portai mes regards plus loin, et vis dans l'ombre,
Sur le bord d'un grand fleuve, une foule sans nombre.
« O maître, qu'est-ce encore que je vois, que j'entends ?

Quelle est cette cohorte accourant hors d'haleine,
Que dans l'obscurité mon oeil distingue à peine,
Et qui la presse ainsi de gagner l'autre bord ? »

— « Tu sauras tout cela ; mais laisse-toi conduire,
Me dit-il ; je prendrai le soin de t'en instruire
Quand nous arriverons au fleuve de la mort. »

Je rougis, craignant d'être importun au poète ;
Et, les regards baissés et la lèvre muette,
J'attendis d'arriver au fleuve des enfers.

Dans cet instant, parut monté sur une barque
Un vieillard dont le front des ans portait la marque.
Il s'écriait : « Malheur à vous, esprits pervers !

N'espérez jamais voir le ciel, car je vous mène
Dans la nuit éternelle, à la rive inhumaine,
Dans l'abîme toujours ou brûlant ou glacé.

Et toi qui viens ici dans ces lieux d'épouvante,
Va-t-en, éloigne-toi des morts, âme vivante ! »
Voyant que d'obéir j'était mal empressé :

« Tu veux, ajouta-t-il, toucher la sombre plage ?
Prends un autre chemin qui te mène au rivage ;
Il te faut un esquif plus léger que le mien. »

« Caron, ne t'émeut pas, lui répondit mon guide ;
On l'a voulu là-haut, et quand le ciel décide,
Le ciel peut ce qu'il veut. Ainsi n'ajoute rien. »

Du nocher à ces mots la fureur fut calmée,
La rage s'éteignit sur sa joue enflammée
Et dans ses yeux bordés de deux cercles ardents.

Mais ces morts dépouillés que la fatigue accable,
Entendant de Caron la voix impitoyable,
De changer de couleur et de grincer des dents.

Ils blasphémaient le ciel, ils maudissaient la terre,
Le jour qui les vit naître et le sein de leur mère,
Leurs pays, leurs parents, leurs fils, tout l'univers ;

Puis remplissant les airs d'une rumeur plaintive,
Ensemble se portaient sur la funeste rive,
Sur la rive maudite où vont tous les pervers.

Caron, avec des yeux que la colère enflamme,
Les pressait tour à tour et pressait de sa rame,
Tous ceux qui paraissaient tarder trop à partir.

Comme, l'une après l'autre, au déclin de l'automne,
Les feuilles des rameaux tombent, pâle couronne,
Et retournent au sol qui va les engloutir ;

Tels je voyais d'Adam les enfants sacrilèges,
Ces oiseaux que Caron appelait dans ses pièges,
Un par un se jeter au vaisseau de la mort.

Ils franchissaient alors le ténébreux passage ;
Mais à peine ils s'étaient éloignés du rivage,
Qu'une foule nouvelle attendait sur le bord.

« O mon fils, c'est ici, me dit mon noble maître,
Que viennent, quel que soit le lieu qui les fit naître,
Tous les coupables morts dans le courroux de Dieu.

Ils se hâtent d'aller par ce fleuve au supplice,
Pressés par l'éperon de la grande Justice
Qui change leur terreur en un désir de feu.

Jamais âme innocente en ces lieux ne s'embarque ;
Voilà pourquoi Caron te chassait de sa barque :
Tu comprends maintenant d'où venait sa fureur. »

Comme il disait ces mots, la lugubre vallée
D'un formidable choc est soudain ébranlée.
Souvenir qui me baigne encore de sueur !

Sur la terre des pleurs, déchaînant sa colère,
S'élève un vent terrible et que la foudre éclaire.
Et devant tant d'horreurs forcé de succomber,

Comme pris de sommeil, je me laissai tomber.

Dante Alighieri 482pxwilliamadolphe_bouguereau_18251905_


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MessageSujet: Re: Dante Alighieri   Dante Alighieri Icon_minipostedSam 26 Jan - 0:21

Shocked Whoua, mais dis moi, Clément, où trouves tu toute cette inspiration? Au moins, on a même pas à poser de questions, tout est dit! Very Happy
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Clément

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MessageSujet: Re: Dante Alighieri   Dante Alighieri Icon_minipostedSam 26 Jan - 11:57

Si tu veux tout savoir, cette biographie a été réalisée à partir de la chronologie présente en annexe dans l'édition GF Flammarion de la Divine Comédie, traduite et annotée par Jacqueline Risset, qui publia par ailleurs deux études sur Dante : Dante écrivain (Seuil, 1982) et Dante, une vie (Flammarion, 1995).
Il m'a seulement fallu classer les informations en fonction de leurs répercussions sur l'oeuvre du poète, situer le contexte politique de l'époque, et, enfin, rédiger le paragraphe ci-dessus en y ajoutant remarques et réflexions personnelles... Rien de bien compliqué donc.
Non, en revanche, tout n'est pas encore dit. Il existe certainement des lacunes à combler, des questions à poser, des poèmes à mettre en ligne !

P.S : Je te conseillerai de consulter ces ouvrages consacrés à Dante ou à la Divine Comédie : La Divine Comédie, Dante par F. Le Blay ; Dante et la Philosophie et Dante et Béatrice de E. Gilson ; ainsi que Dante et la Politique de J. Goudet.


Dernière édition par le Sam 26 Jan - 14:56, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Dante Alighieri   Dante Alighieri Icon_minipostedSam 26 Jan - 12:53

Ca fait juste bizarre, quand tu ouvres la page, tu commences à lire, tu regardes combien de texte il reste, et là... affraid


Dernière édition par le Mer 30 Jan - 23:32, édité 1 fois
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Clément

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MessageSujet: Re: Dante Alighieri   Dante Alighieri Icon_minipostedSam 26 Jan - 13:49

La Divine Comédie - L'Enfer

Chant X


Au milieu des tombeaux brûlants où sont plongés les partisans d'Epicure, un fantôme s'est dressé ; c'est l'ombre de Farinata Uberti, ce héros qui à la tête des Gibelins gagna la fameuse bataille de mont Aperti. Près de lui se soulève en même temps l'ombre de Cavalcanti, père de Guido, l'ami de Dante. L'autre fantôme prédit au poète ses malheurs et son exil.


Par un étroit sentier où le pied s'embarrasse,
Mon maître s'avançait et je suivais sa trace,
Marchant le long du mur à côté des martyrs.

— « O vertu souveraine, ô Maître, m'écriai-je,
Qui m'entraînes ainsi dans l'enfer sacrilège,
Réponds, et si tu peux contente mes désirs !

Ne puis-je en ces tombeaux voir ceux qui les habitent ?
Les couvercles levés à regarder m'invitent,
Et personne, je crois, ne fait la garde autour ? »

— « Ces tombes, me dit-il, seront toutes fermées,
Lorsque dans Josaphat les âmes ranimées
Auront repris leurs corps au terrestre séjour.

Par ici sont couché dans même sépulture
Epicure et tous ceux qui suivant Epicure
Disent qu'avec le corps l'âme aussi doit mourir.

A ton désir ici tu pourras satisfaire,
Comme au voeu plus secret que tu voudrais me taire
Et qu'au fond de ton coeur je sais bien découvrir. »

— « Si je n'ai pas ouvert, Maître, le coeur qui t'aime,
C'est pour être plus bref en paroles ; toi-même,
Tout à l'heure, à parler tu ne m'engageais pas. »

— « O Toscan qui vivant dans la cité funeste
T'avances en tenant ce langage modeste,
Un instant dans ce lieu veuille arrêter tes pas !

Ton langage te fait clairement reconnaître,
C'est mon noble pays qui doit t'avoir vu naître,
Cette patrie à qui j'ai du sembler pesant. »

Ainsi retentissait au fond des catacombes
Une voix qui sortait de l'une de ces tombes :
Je me serrai plus près de mon maître en tremblant.

— « Contre moi, me dit-il, quelle terreur te presse
Vois, c'est Farinata, son ombre qui se dresse
Dans toute sa hauteur de la ceinture au front. »

Sur cette ombre déjà ma vue était fixée.
De la tête et des reins elle s'était haussée,
Et semblait rejeter l'enfer comme un affront.

A travers les tombeaux, d'une main confiante,
Mon guide me poussa vers l'ombre impatiente :
« Va, dit-il, que les mots soient comptés, si tu peux. »

A peine j'arrivais au pied du sarcophage,
Abaissant un instant ses yeux sur mon visage :
« Tes aïeux, quels sont-ils? » fit l'esprit dédaigneux.

Empressé d'obéir et de le satisfaire,
Je répondis sans rien déguiser ni rien taire.
Il me parut lever des yeux plus courroucés :

« Ta race fut, dit-il, au sein de ma patrie,
De moi-même et des miens l'implacable ennemie ;
Mais aussi par deux fois ce bras les a chassés. »

— « S'ils ont été chassés, les hommes de ma race,
Par deux fois, répondis-je, ils sont entrés en masse :
Les vôtres ont appris cet art moins bien que nous. »

Un autre esprit sortant de cette sépulture
Parut ; on ne voyait de lui que sa figure ;
Je crois bien qu'il s'était levé sur ses genoux.

Autour de moi ses yeux avec inquiétude
Cherchaient quelqu'un, et quand il eut la certitude
Que celui qu'il aimait n'était pas près de moi,

Il me dit en pleurant : « Si c'est par ton génie
Que tu viens aux cachots d'éternelle agonie,
Où est mon fils ? Et pourquoi n'est-il pas avec toi ? »

— « Je ne viens pas ici par moi-même, lui dis-je,
Celui qui m'attend là me mène et me dirige ;
Pour qui votre Guido peut-être eut peu d'amour. »

Ses paroles autant que son genre de peine
M'avaient fait deviner le nom de l'ombre humaine,
Et j'avais répondu sans effort ni détour.

« Comment ? cria l'esprit, se dressant dans sa bière,
N'as-tu pas dit : il eut ? Est-il mort ? La lumière
N'éclaire-t-elle plus les regards de mon fils ? »

Et comme ma réponse à venir était lente,
L'ombre accablée au fond de sa prison brûlante
Tombait à la renverse, et plus ne la revis.

Mais cet autre héros de la tombe infernale
Et près de qui j'étais resté dans l'intervalle,
Il n'avait pas changé d'attitude ni d'air :

« Si, dit-il, relevant ma dernière parole ;
Les miens ont mal appris cet art à votre école,
Tu me fais plus souffrir que ce lit de l'enfer.

Mais avant que la reine Hécate, la fatale,
Ait pu cinquante fois rallumer son front pâle,
De cet art malaisé tu connaîtras le prix.

Et dis-moi qu'en retour tu vives au doux monde !
D'où vient que contre moi la haine est si profonde,
Le peuple si cruel à tous les miens proscrits ? »

Je répondis : « Le sang qu'a versé votre rage,
Les flots de l'Arbia rouges de ce carnage
Font maudire vous mort et les autres absents. »

Alors en soupirant l'ombre pencha la tête :
« Je n'était pas le seul à cette horrible fête,
Dit-il, et n'y fus pas sans des motifs puissants.

Mais je me montrais seul dans la même occurrence,
Quand, chacun proposant de détruire Florence,
Moi je la défendis, visage découvert. »

— « Dieu, dis-je, donne un jour la paix à votre race !
Défaites, je vous prie, un noeud qui m'embarrasse,
Un doute dont je sens que j'ai l'esprit couvert.

Il paraît, si j'ai bien entendu, que d'avance,
Vous pouvez pénétrer du temps la chaîne immense,
Tandis que le présent reste voilé pour nous ? »

— « Semblables au presbyte à la vue incertaine,
Nous distinguons, dit-il, toute chose lointaine ;
C'est un dernier rayon que Dieu jette sur nous.

Quand un événement s'approche ou qu'il existe,
Vaine est cette clarté ; si nul ne nous assiste,
Nous ne savons plus rien de votre humanité.

Par ainsi ces lueurs à jamais seront mortes,
Lorsque de l'avenir Dieu fermera les portes,
Et fixera le monde en son éternité. »

Lors je sentis ma faute et dis : « Faites connaître
A celui que j'ai vu si vite disparaître,
Que son fils est encore aux vivants réuni.

Si je restai muet au moment de répondre,
Dites-lui que déjà je me sentais confondre
Sous ce doute qu'enfin vous avez éclairci. »

Comme je m'entendais rappeler par mon guide,
Près de Farinata j'insistai, plus avide,
Pour savoir quels étaient ses autres compagnons.

« Je suis couché, dit-il, parmi des milliers d'âmes :
Le second Frédéric gît ici dans ces flammes,
Et là le cardinal. Je tais les autres noms. »

Il disparut, et moi, vers l'antique poète
Je revins, repassant dans mon âme inquiète
Cet oracle ennemi que j'avais entendu.

Virgile s'était mis en marche, et dans la route :
« Qu'est-ce donc qui si fort te trouble et te déroute ? »
A cette question lorsque j'eus répondu :

« Prends soin de retenir cet hostile présage
Et dans ton souvenir grave-le, dit le sage ;
Mais pour l'heure marchons. » Et puis, le doigt levé :

« Quand tu seras devant le doux regard de celle
Dont le bel oeil voit tout, tu connaîtras par elle
De tes jours tout entiers l'oracle inachevé. »

Nous laissâmes alors le mur à notre droite,
Vers le centre marchant par une pente étroite ;
Un nouveau cercle ouvert tout à l'extrémité

Exhalait jusqu'à nous un miasme empesté.

Dante Alighieri Le_Brun_-_Chute_des_anges_rebelles
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Clément

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MessageSujet: Re: Dante Alighieri   Dante Alighieri Icon_minipostedSam 2 Fév - 13:13

Il est vrai, très cher, que je m'égare.
Asseyons-nous donc tranquillement autour de ces quelques verres d'absynthe, et parlons de cette oeuvre magnifique qu'est la Divine Comédie de Dante.

La Divine Comédie, donc, est un poème épique composé de cent chants sacrés, eux-mêmes distribués en trois chapitres conduisant à la découverte de Dieu :
L'Enfer, Le Purgatoire et Le Paradis.
L'oeuvre de Dante est l'une des expressions majeures de l'humanisme chrétien du XIIIème siècle : ici, le Mal n'est autre que la privation du Bien. L'Enfer est l'abîme engendré par le premier ange déchu, Lucifer. La Divine Comédie, inventaire des crimes et des mérites, établira la géographie de ce gouffre dans une fresque morale qui "décrira l'univers de fond en comble et assignera à chaque personnage, historique ou mythique, sa place dans l'au-delà." Ainsi, L'Enfer est divisé en 34 chants et 9 cercles, Le Purgatoire en 33 chants et 7 corniches, Le Paradis en 33 chants et 10 cieux. La quête débute un vendredi saint, 8 avril 1300. Les derniers cieux seront abordés le jeudi de Pâques, 14 avril 1300. Cette épopée s'achève par la révélation de Dieu, hors du temps et de l'espace.
Cette Divine Comédie s'inscrit dans un univers entier, tel que le conçoit l'astronomie du Moyen Age. En effet, la Terre est un globe immobile, partagé en deux hémisphères : l'hémisphère boréal, qui comprend toutes les terres émergées, et l'hémisphère austral, qui ne se compose que de mers. Jérusalem est située au milieu de l'hémisphère nord ; le Purgatoire, lui, se trouve à l'antipode exact de la ville sainte. L'hémisphère boréal renferme un entonnoir gigantesque, dont la pointe aboutit au centre de gravité du globe terrestre. C'est là le siège de Dité, l'ange du Mal. Dieu séjourne dans la Rose Mystique, point de l'Empyrée, le plus vaste des cieux - chaque ciel correspond à un astre enveloppant la Terre. L'hémisphère boréal, séjour du péché, est reclus loin du regard de Dieu.


http://dante.ilt.columbia.edu/new/


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Jean-Bapt

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MessageSujet: Re: Dante Alighieri   Dante Alighieri Icon_minipostedSam 2 Fév - 13:37

Quand tu disais "parler", il fallait prévenir que c'était un monologue...^^
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MessageSujet: Re: Dante Alighieri   Dante Alighieri Icon_minipostedDim 3 Fév - 5:39

Il est pas drôle, il a modifié ce qu'il avait écrit, suprimé pas mal de texte et mis un lien à la place....C'est pas pro, ça, faut être fair-play...^^
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MessageSujet: Re: Dante Alighieri   Dante Alighieri Icon_miniposted

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