Verlaine

Dans Fêtes galantes, Verlaine s'inspire de Watteau et des autres peintres qui, au XVIIIe siècle surtout, ont évoqué les plaisirs d'une société élégante et frivole. Les Fêtes galantes étant l'occasion d'évoquer des parcs nocturnes et leurs rencontres ivres et impromptues, des personnages élégants se livrant à des songes amoureux et à des conversations tendres.
Ainsi, aux travers des vingt-deux poèmes que compte le receuil , peints en clair-obscur, Verlaine convoque les personnages de la "commedia dell' arte" pour des jeux amoureux ambiguë, où la tristesse et les fantômes l'habitent, mettant en place une sensibilité nouvelle, où le primat est accordé aux sensations auditives et où sa volonté de rompre avec la poésie traditionnelle témoigne d’un vif intérêt artistique pour la vie, le présent. . Il partage avec Baudelaire, à qui il voue un grand respect, attiré par le caractère insaisissable de l’homme, un goût pour la provocation. Cette volonté de rupture se ressent à travers un travers de la langue qui se veut révolutionnaire.
Les Fêtes galantes s'ouvrent avec " clair de lune ", sous le signe de la musique, des masques, mais connaissent une fin douloureuse avec " le colloque sentimental ".

Ajoutons que le receuil fût salué par Anatole France et Mallarmé lors de sa publication en 1870, un an seulement après ses fillancailles avec Mathilde Mauté de Fleureville, une jeune fille agée de 16 ans. On ne s'étonnera pas alors de trouver un ensemble consacré à l'épreuve de l'Amour.


Je ne pourrais m'empécher de reproduire ici ce dialogue entre Rimbaud et Verlaine, issus du film Eclipse totale:

Verlaine : - ... Nous devrions nous occuper de le faire éditer.

Rimbaud : - Pourquoi ?

Verlaine : - Pourquoi ? Mais c'est ce que font tous les auteurs.

Rimbaud : - Peut-être, mais moi je me fiche pas mal d'être édité. La seule chose qui compte, c'est l'écriture elle-même. Tout le reste est littérature. Votre dernier recueil...

Verlaine : - Oui.

Rimbaud : - ... n'était pas très bon.

Verlaine : - Vous trouvez ?

Rimbaud : - Elucubrations de puceau.

Verlaine : - Non ! Poèmes d'amour. Beaucoup de gens les ont trouvé très beaux.

Rimbaud : - Mais ce sont des mensonges !

Verlaine : - Ce ne sont pas des mensonges : je l'aime.

Rimbaud : - L'amour ?

Verlaine : - Oui.

Rimbaud : - Ça n'a rien à voir.

Verlaine : - Comment cela ?

Rimbaud : - S'il y a bien quelque chose qui unie les couples mariés et les familles, ce n'est pas l'amour. C'est la stupidité, l'égoïsme ou la peur. L'amour n'existe pas.

Verlaine : - Vous vous trompez.

Rimbaud : - L'intérêt personnel existe. Les liens noués pour le profit personnel existent. Le plaisir existe. Mais pas l'amour. (Après un instant de réflexion) L'amour doit être réinventé.

Ce lyrisme fade, cet enthousiasme juvénile, cette légèreté et cette sentimentalité constitue, en effet, la part regrettable de la poésie verlainienne.
Rimbaud reprend même le poème "Colombine" des Fêtes galantes, pour le parodier, de façon fort polissonne, dans L'Album zutique:

Pour ma part, je me souviens avoir appris le poème "Nevermore" des Poèmes saturniens lors de ma dernière année de collège. Je ne m'en étais, il me semble, pas trop mal sorti, malgré une certaine réticence à déclamer face à la classe (que voulez vous, je suis un grand timide...):

http://pagesperso-orange.fr/paul-verlaine/paul-verlaine/