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 Nietzsche, La Naissance de la tragédie

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Clément

Clément


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MessageSujet: Nietzsche, La Naissance de la tragédie   Nietzsche, La Naissance de la tragédie Icon_minipostedJeu 21 Fév - 13:03

La Naissance de la tragédie se présente comme une réflexion sur la genèse de l'art considéré dans le miroir de la civilisation hellénique.
L'ensemble du l'ouvrage repose sur une succession d'oppositions dont Nietzsche donne dès l'introduction l'axe majeur en opposant Dionysos et Apollon.
Dionysos représente la musique, l'instinct primitif, l'ivresse dans laquelle s'expriment les forces naturelles, le lien charnel avec la terre, le sentiment de ne faire qu'un avec le monde et l'Un originel. Apollon représente la sculpture, le rêve, l'interprétation, l'oracle, le dédoublement du monde, le don du sens, la canalisation et la mise en forme des forces naturelles.
Il convient aussi de distinguer le barbare dionysien, que caractérisent la licence sexuelle et les tendances bestiales, du Grec dionysien qui se différencie grâce à la réconciliation d' Apollon avec Dionysos.
La musique tient alors une place de choix dans l'opposition Apollon / Dionysos. Pour Nietzsche, c'est à partir de la musique que la tragédie prend sa source et se comprend vraiment. A la musique dionysiaque, le pouvoir émotif du son, le flot de la mélodie, la danse qui imprime à tous les membres du corps un mouvement rythmique, ce qui suppose qu'on ait atteint un souverain oubli de soi. Le poète lyrique, artiste primitif, s'est identifié à la réalité primitive, à sa souffrance, source de musique, puis cette musique lui parvient comme un rêve symbolique sous l'effet du rêve apollinien.
Nietzsche développe la thèse selon laquelle ses deux grandes forces opposées, le dionysiaque et l'apollinien, gouvernent l'art ; et que ces deux forces, unies un temps dans la tragédie grecque, auraient été à nouveau séparées par le triomphe de la rationalité avec Euripide et Socrate. Il veut montrer que les sociétés modernes ont totalement abandonné cette philosophie pour un idéalisme chrétien et bourgeois qui va à l'encontre de la plénitude et de la joie originelle. Nietzsche espérait alors retrouver l'union du dionysiaque et de l'apollinien chez Wagner à qui est dédiée La Naissance de la tragédie.
A ce titre, l'essai dépasse largement le seul cadre de la tragédie.


Nietzsche, La Naissance de la tragédie Nietzsche1


Dernière édition par Clément le Ven 22 Fév - 13:06, édité 2 fois
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ptitfuret

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MessageSujet: Re: Nietzsche, La Naissance de la tragédie   Nietzsche, La Naissance de la tragédie Icon_minipostedJeu 21 Fév - 15:50

Un réflexion plus qu'intéressante, j'aime en effet bien la mythologie grecque et ce livre à l'air de poser un débat. Effectivement, je voyais ces deux Dieu(s?) comme ça, je vais donc essayer de me procurer l'ouvrage (peut être pourrai tu me le prêter?)
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ptitfuret

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MessageSujet: Re: Nietzsche, La Naissance de la tragédie   Nietzsche, La Naissance de la tragédie Icon_minipostedVen 29 Fév - 18:48

Bien sur cher Guillaume, tu crois quoi?? Je n'ai pa sun salaire illimité, malheureusement...
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Clément

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MessageSujet: Re: Nietzsche, La Naissance de la tragédie   Nietzsche, La Naissance de la tragédie Icon_minipostedDim 9 Mar - 15:22

Quand on s'efforce énergiquement de fixer le soleil, et qu'on détourne le regard, ébloui, on a devant les yeux des taches de couleur sombre, qui sont une sorte d'antidote à l'éblouissement. Inversement, ces apparitions lumineuses de héros sophocléens, la qualité apollinienne de leur rôle, sont les réflexes nécessaires du regard qui a sondé le fond horrible de la nature, ce sont en quelque sorte les taches brillantes qui doivent guérir le regard blessé par l'effroyable nuit. C'est en ce sens seulement que nous pouvons espérer de comprendre la notion grave et importante de la "sérénité grecque ", alors qu'on voit traîner de nos jours l'idée fausse que cette sérénité exprimait un état de bien-être non menacé.

La figure la plus douloureuse du théâtre grec, le malheureux Œdipe, est interprétée par Sophocle comme une figure de l'homme noble, destiné malgré sa sagesse à l'erreur et au malheur, mais qui finalement, par l'excès même de ses souffrances, exerce autour de lui une force magique bienfaisante dont l'action dure même après sa mort. Une âme noble ne saurait pécher, voilà ce que ce profond poète veut nous dire, ses actions ont beau détruire les lois, l'ordre naturel et même le monde moral, elles tracent autour d'elles un cercle magique d'effets supérieurs qui édifient un monde nouveau sur les décombres de l'ancien effondré. Voilà ce que le poète qui est aussi un penseur religieux veut nous dire : étant poète, il nous montre d'abord le nœud d'un procès extrêmement embrouillé que le juge défait peu à peu, brin à brin pour son propre malheur ; le plaisir si grec produit par cette solution dialectique est si grand qu'il répand sur l'œuvre entière une source de sérénité supérieure et brise partout leur pointe aux terrifiantes prémisses de ce procès. Dans l'Œdipe à Colone nous trouvons la même sérénité mais infiniment élevée et transfiguréedevant le vieillard atteint par l'excès du malheur et livré passivement à tout ce qu'il lui advient, une sérénité supraterrestre vient à nous, descendant d'une sphère divine, et nous indique que le héros, dans son attitude purement passive, atteint à une activité suprême dont les effets dureront bien audelà de sa vie, alors que, dans sa vie antérieure, tous ses efforts et ses actes conscients n'ont fait que le conduire à cette passivité. Ainsi le nœud embrouillé du procès d'Œdipe, qui semble inextricable au regard mortel, se dénoue lentement et une joie humaine très profonde nous saisit en présence de ce divin contre-pied de la dialectique. Si notre explication rend justice au poète, encore est-il que l'on peut se demander si elle épuise le contenu du mythe. Et nous découvrons alors que la création du poète n'est autre que cette image lumineuse que la nature nous tend pour nous guérir après que nous avons jeté un regard dans l'abîme. Œdipe meurtrier de son père, époux de sa mère, Œdipe déchiffrant l'énigme du Sphinx ! Que nous dit la mystérieuse trinité de ces actes fatidiques ? D'après une très vieille croyance populaire, qui vit surtout en Perse, un mage plein de sagesse ne peut naître que d'un inceste. Devant Œdipe déchiffrant l'énigme et épousant sa propre mère, nous comprenons alors que lorsque des forces divinatoires et magiques rompent le charme qui sépare le présent du futur, brisant la loi rigide de l'individuation et le sortilège propre de la nature, il doit y avoir eu à l'origine quelque prodigieuse monstruosité ici l'inceste pour en être cause. Car comment pourraiton forcer la nature à livrer ses secrets, sinon en lui résistant victorieusement, c'est-à-dire en faisant ce qui est contre nature ? Voilà la vérité que je découvre inscrite dans cette effroyable trinité des destins d'Œdipe ; le même homme qui résout l'énigme de la nature, ce sphinx double dans son essence, brisera aussi les lois les plus sacrées de la nature en devenant le meurtrier de son père et l'époux de sa mère. Mieux: ce mythe semble vouloir nous insinuer que la sagesse, et plus précisément la sagesse dionysiaque, est une monstruosité contre nature et que celui qui par sa sagesse précipite la nature dans l'abîme du néant mérite d'être détruit par la nature. " La pointe de la sagesse se retourne contre le sage, la sagesse est un crime contre la nature ", telles sont les sentences terribles que le mythe proclame ; mais dès que le poète grec, pareil à un rayon de soleil, touche à ce mythe sublime et redoutable, celuici, pareil à la statue de Memmon*, se met se vibrer en mélodies sophocléennes.

*Memnon, dans la mythologie grecque, roi d'Éthiopie, fils du prince troyen Tithon et d'Éos, déesse de l'Aurore. Au cours de la dixième année de la guerre de Troie, Memnon secourut avec son armée la ville de Troie. Il combattit bravement mais fut finalement tué par Achille, le héros grec. Pour réconforter la mère de Memnon, le dieu Zeus le rendit immortel. On raconte que les gouttes de rosée du matin sont les larmes que versa Aurore. Une statue colossale près de Thèbes, en Égypte



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