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 Charles Baudelaire

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Clément

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MessageSujet: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedJeu 10 Jan - 21:54

Charles Baudelaire Charles_Baudelaire


Je tenterai de dresser une biographie de ce poète grandiose, qui a contribué à la littérature française d'une manière impeccable, auteur d'une oeuvre majeure de la poésie du XIXème siècle, en me frayant un chemin en zigzag à travers la vie tumultueuse de l'homme, de son enfance à sa jeunesse, de sa vie estudiantine, de sa rencontre avec Jeanne Duval, de la création de son oeuvre à ces penchants pour les drogues et l'alcool qui conduisirent à sa perte.


Jeune homme dont le père "déprêtrisé", amateur d'art, mort quand Charles Baudelaire était un enfant de six ans, a été remplacé par un beau-père, le futur général Aupick. D'avoir été enfant avant que d'être homme, Baudelaire s'en souviendra, idéalisant sûrement après coup le bonheur, passablement oedipien, de cette courte période de veuvage où sa mère lui appartint entièrement, avant qu'elle ne le trahit en permettant qu'un intrus vienne se placer entre eux.
D'abord lycéen à Lyon et à Paris, en proie à de lourdes mélancolies, qui compose des vers français et latins, il se signale par un travail inégal et irrégulier.
Plus tard étudiant parisien, il sent s'affermir sa vocation littéraire, vers 1840 (Ne vous fiez pas aux dates très approximatives, elles ne servent que de repère chronologique pour situer l'oeuvre de Baudelaire) et se lie avec un groupe de jeunes gens taquinant eux aussi la Muse. C'est alors que divers "écarts", qui ne sont pas seulement financiers, conduisent la famille de Baudelaire, pour l'écarter de Paris, à embarquer en 1841 dans un bateau en partance pour les Indes. Baudelaire refusera d'aller plus loin que La Réunion, mais ce voyage devait marquer durablement la sensibilité baudelairienne, qui se traduira, à son retour à Paris, par sa liaison avec une mulâtresse: Jeanne Duval.
Baudelaire, bientôt majeur, en 1842, entre en possession de l'héritage de son père et mène la vie "libre", à tout égard, à laquelle il aspire.
Mais la liaison avec Jeanne Duval aura sans doute été la grande affaire amoureuse de la vie du poète. S'il est vrai qu'une syphilis, sans doute contracté au moment du voyage, peu avant ou après, a du peser sur sa vie amoureuse, la relation avec cette femme devait permettre à Baudelaire d'expérimenter un large empan affectif, allant de l'abjection la plus misérable à la jouissance la plus extatique, de l'infernal au divin (si je puis dire).
Ces années sont aussi celles où Baudelaire, soucieux d'esthétisme et de dandysme, entreprend de se ruiner et dilapide l'héritage de son père, ce qui conduit sa famille à lui imposer un conseil judiciaire qui fera de lui un éternel mineur pour les questions financières.
Les années 1848 sont marquées par un état dépressif et de sérieuses difficultés matérielles, ou encore par l'entrée dans sa vie de Marie Daubrun, sans parler bien sûr de la lecture de Poe dont il ira jusqu'à traduire les textes.
Puis suivent les années sombres de Baudelaire (de 1849 jusqu'à sa mort en 1867), puisque les troubles physiques, les difficultés matérielles et affectives, amène un sentiment d'échec, d'impuissance, de culpabilité de la part du poète. La première édition des Fleurs du Mal, en 1857, fut aussitôt remise en cause par une décision de justice et dont l'état apparemment stabilisé en 1861, devait encore changer par l'ajout tardif de poèmes intercalaires dans la troisième édition que préparait Baudelaire. Mais Baudelaire meurt en 1867, sans avoir pu réaliser le projet d'une édition "définitive" d'une oeuvre dont le souci aura accompagné une grande partie de sa vie créatrice.


Dernière édition par le Dim 10 Fév - 14:04, édité 8 fois
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MessageSujet: Bravo!   Charles Baudelaire Icon_minipostedVen 11 Jan - 11:21

Clement,

Tout d'abord bravo pour cette biographie fort interessante qui nous permet de mieux connaître le malaise de cet auteur pourtant si doué! Qui eut une vie semée d'embûche mais qui n'en fut pas le moins ininteressante!

Rappelons que la vie est indissociable de l'oeuvre!

Je vous renvoie d'ailleur au sujet "fleur du mal"!
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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedVen 11 Jan - 18:57

Je pourrais ajouter cette citation qui reflète très bien cette aspiration à l'état de Spleen, de mélancolie du poète :

"J'aspire à un repos absolu et à une nuit continue. Chantre des voluptés folles du vin et de l'opium, je n'ai soif que d'une liqueur inconnue sur la terre, et que la pharmaceutique céleste elle-même ne pourrait m'offrir ; d'une liqueur qui ne contiendrait ni la vitalité, ni la mort, ni l'exitation, ni le néant"

Cette phrase, fort belle du reste, pourrait résumer à elle seule les Fleurs du Mal.
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Clément

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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedSam 12 Jan - 22:51

On oublie souvent l'autre versant de son oeuvre, non moins important : Baudelaire critique littéraire, critique musical, mais aussi critique d'art - il subira entre autres l'influence de Delacroix, qui inspira des poèmes tels que "Don Juan aux Enfers", "Phares", "Mauvais moine", "Bohémien en voyage", "Une gravure fantastique", "L'amour et le crâne"...


"Je crois sincèrement que la meilleure critique est celle qui est amusante et poétique; non pas celle-ci, froide et algébrique, qui, sous prétexte de tout expliquer, n'a ni haine ni amour, et se dépouille volontairement de toute espèce de tempérament ; mais - un beau tableau étant la nature réfléchie par un artiste - celle qui sera ce tableau réfléchi par un esprit intelligent et sensible. [...] Pour être juste, c'est-à-dire pour avoir sa raison d'être, la critique doit être partiale, passionnée, politique, c'est-à-dire faite à un point de vue exclusif, mais au point de vue qui ouvre le plus d'horizons."


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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedMar 15 Jan - 18:50

Puisque nous sommes dans la revue des pièces des Fleurs du Mal, laissez-moi ajouter celle-ci, qui fut comdamnée en 1857 par le tribunal correctionnel pour outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs. Mais il y faut remarquer une intention plastique plus qu'érotique de l'auteur, le sujet même devant passer au second plan, la gravité du receuil rejetant de telles absurditées.



Les Bijoux

La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.

Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d'aise
À mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

Les yeux fixés sur moi comme un tigre dompté,
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s'était assise.

Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l'Antiope* au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !

– Et la lampe s'étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !


Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal


* Possible souvenir d'un passage de Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier (Baudelaire dédicacera ses Fleurs du Mal à ce "poète impeccable") pour ce vers : "Cette ligne de la hanche qui serpente si volupteusement est celle de l'Antiope endormie". Par ailleur, Antiope était la soeur d'Hippolyte, reine des Amazones dans la mythologie grecque.


Veuillez m'excuser une nouvelle fois pour ces quelques dérives, mais cela était plus fort que moi, étant grand amateur de Théophile Gautier...


Charles Baudelaire 340f107eede1bb596e7c20e856755747


Dernière édition par Clément le Sam 15 Mar - 13:04, édité 1 fois
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Clément

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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedMar 29 Jan - 20:53

CXXVI - Le Voyage

À Maxime Du Camp.

I

Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
L'univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! Que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le cœur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
Astrologues noyés dans les yeux d'une femme,
La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent
D'espace et de lumière et de cieux embrasés ;
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : "Allons !"

Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,
De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom !


II

Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule
Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils
La Curiosité nous tourmente et nous roule,
Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.

Singulière fortune où le but se déplace,
Et, n'étant nulle part, peut être n'importe où :
Où l'Homme, dont jamais l'espérance n'est lasse,
Pour trouver le repos court toujours comme un fou !

Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ;
Une voix retentit sur le pont : "Ouvre œil !"
Une voix de la hune, ardente et folle, crie :
"Amour... Gloire... Bonheur !" Enfer ! C'est un écueil !

Chaque îlot signalé par l'homme de vigie
Est un Eldorado promis par le Destin ;
L'Imagination qui dresse son orgie
Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin.

Ô le pauvre amoureux des pays chimériques !
Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,
Ce matelot ivrogne, inventeur d'Amériques
Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?

Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue,
Rêve, le nez en l'air, de brillants paradis ;
Son œil ensorcelé découvre une Capoue
Partout où la chandelle illumine un taudis.


III

Étonnants voyageurs ! Quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers.

Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons,
Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons.

Dites, qu'avez-vous vu ?


IV

"Nous avons vu des astres
Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ;
Et, malgré bien des chocs et d'imprévus désastres,
Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.

La gloire du soleil sur la mer violette,
La gloire des cités dans le soleil couchant,
Allumaient dans nos cœurs une ardeur inquiète
De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

Les plus riches cités, les plus grands paysages,
Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux
De ceux que le hasard fait avec les nuages.
Et toujours le désir nous rendait soucieux !

- La jouissance ajoute au désir de la force.
Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais,
Cependant que grossit et durcit ton écorce,
Tes branches veulent voir le soleil de plus près !

Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace
Que le cyprès ? - pourtant nous avons, avec soin,
Cueilli quelques croquis pour votre album vorace,
Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de loin !

Nous avons salué des idoles à trompe :
Des trônes constellés de joyaux lumineux ;
Des palais ouvragés dont la féerique pompe
Serait pour vos banquiers une rêve ruineux ;

Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ;
Des femmes dont les dents et les ongles sont teints,
Et des jongleurs savants que le serpent caresse."


V

Et puis, et puis encore ?

VI

"Ô cerveaux enfantins !

Pour ne pas oublier la chose capitale,
Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché,
Du haut jusques en bas de l'échelle fatale,
Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché :

La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide,
Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût ;
L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide,
Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout ;

Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ;
La fête qu'assaisonne et parfume le sang ;
Le poison du pouvoir énervant le despote,
Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;

Plusieurs religions semblables à la nôtre,
Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté,
Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;

L'Humanité bavarde, ivre de son génie,
Et folle, maintenant comme elle était jadis,
Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie :
"Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis !"

Et les moins sots, hardis amants de la Démence,
Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin,
Et se réfugiant dans l'opium immense !
- Tel est du globe entier l'éternel bulletin."


VII

Amer savoir, celui qu'on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui !

Faut-il partir ? Rester ? Si tu peux rester, reste ;
Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,

Comme le Juif errant et comme les apôtres,
À qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
Pour fuir ce rétiaire infâme ; il en est d'autres
Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.

Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
Nous pourrons espérer et crier : "En avant !"
De même qu'autrefois nous partions pour la Chine,
Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,

Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
Avec le cœur joyeux d'un jeune passager.
Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres,
Qui chantent : "Par ici ! Vous qui voulez manger

Le Lotus parfumé ! C'est ici qu'on vendange
Les fruits miraculeux dont votre cœur a faim ;
Venez vous enivrer de la douceur étrange
De cette après-midi qui n'a jamais de fin !"

A l'accent familier nous devinons le spectre ;
Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
"Pour rafraîchir ton cœur nage vers ton Électre !"
Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.


VIII

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! Levons l'ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !

Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe,
Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !
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Clément

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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedJeu 31 Jan - 22:45

Sachez, mon cher Guillaume, que je fais ce qu'il me plaît, et que je vous emmerde, par la même occasion !

Cela étant dit, je tiens à développer une réflexion sur un groupe de musique extrême nommé Celtic Frost, bien qu'il n'existe ici aucun lien avec Baudelaire, si ce n'est la mélancolie des textes. Ce groupe suisse est encore peu connu, malgré vingt-trois ans de carrière et huit albums.
Leur dernier album en date, 'Monotheist' est paru en 2006. Un disque très dense -une heure environ-, en prise avec son temps. Les guitares plombées y sonnent avec l’intransigeance du marteau sur l’enclume, participant à la création d'une ambiance sombre, via larsens et nuées spectrales (Drown In Ashes). Si Celtic Frost fait parler la poudre, il sait aussi instaurer des climats somptueusement chargés. Les suisses inondent ainsi les ténèbres d’une mélodie rédemptrice (Obscured), sortant même les fameuses trompettes et timbales apocalyptiques qui marquèrent tant la scène black metal. Une richesse sonore qui trouve son archétype dans l’inévitable A Dying God Coming Into Human Flesh, titre schizoïde, tiraillé entre le recueillement d'un chant grégorien et la fureur de la Bête éveillée. L'album s'empare du concept absurde et obsédant de la mort pour l'être humain moderne, mis en parallèle avec sa représentation naturelle en tant que simple passage.


Charles Baudelaire Celticfrost


Site officiel du groupe : http://www.celticfrost.com/
Page MySpace : http://www.myspace.com/celticfrost
Blog officiel du leader, Thomas Gabriel Fischer : http://erichisdead.blogspot.com/


A Dying God Coming Into Human Flesh

All is cold and frozen.
Frozen the sea, frozen the sky.
Frozen is death, but I cannot die.
Cannot die.
As the falls.
To cover this all.
And all is cold.
And cold is all.
All is cold and cold is all.
Cold.
Frozen.
Frozen is heaven and frozen is hell.
And I am dying in this living human shell.
I am a dying God, coming into human flesh.
I am a dying God.
Frozen my heart.
Frozen my soul.
Frozen my love.
I am a dying God, coming into human flesh.



Drown In Ashes

My soul, my tomb.
My pain, my joy.
My darkest mind, my love destroyed.

I drown in ashes you've enshrined.
Of blissful days long gone by.
Concealed behind my dying eyes.
This hell of anger and weary lies.
A frame of mind, a dismal soul.
My final womb, this flesh turned cold.
You held me down and let me bleed.
My love, it died, along with me.
Along with me.

My wound, my cry.

A world of scars and caresses pale.
And thoughts as chaste as pristine dew.
And flowers placed across your face.
I trace the life I've lost with you.
This bleakest pit that you've unveiled.
I hate to love as it is pain.
My hands are cut but I still sail.
An ocean of sadness in the rain.

My flesh, my blood.
My wound, my cry.
My broken back, my all now dies.
My soul, my tomb.
My pain, my joy.
My darkest mind, my love destroyed.

My flesh, my blood.
My wound, my cry.
My broken back, my all now dies.
My soul, my tomb.
My pain, my joy.
My darkest mind, my love destroyed.

My flesh, my blood.
My wound, my cry.
My broken back, my all now dies.
My soul, my tomb.
My pain, my joy.
My darkest mind, my love destroyed.
My love destroyed.
Destroyed.
My love.



Obscured

Somewhere inside.
It's still obscured.
Darkness reflects.
Stronger than fear.
I seize control to inhale this final day.
I shut my mind but I'm falling anyway.
No.
And I think that I'm all alone.
I can feel the rain pull me down again.
No.
And I know that I have no home.
I can feel the pain take a hold again.
Tied to the ground.
In mounting shade.
My soul is bound.
And so it fades.
And I know that I won't escape.
My remaining faith is draped.
Like my hurt and my fleeting grace.
In this numbing empty space.


Dernière édition par le Dim 3 Fév - 13:49, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedDim 3 Fév - 14:06

En effet, les Celtic Frost mirent en musique le poème de Baudelaire intitulé Tristesses de la Lune. Leur composition, très mélodramatique, est - disons le franchement - de la MERDE. Heureusement que nos hommes sont capables de concocter de bien meilleurs morceaux que celui-ci...


LXV. Tristesses de la Lune

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil.
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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedVen 8 Fév - 19:55

A qui est adressée cette subite déclaration d'amour, cher Guillaume ?


Dernière édition par le Sam 9 Fév - 14:04, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedSam 9 Fév - 14:42

Quel narcissisme, cher ami !

...

Je voudrais ici mettre en ligne une adaptation libre du poème de Baudelaire, Une Charogne. Celui-ci, rappelons-le, fit scandale par sa tendance funèbre, voire macabre, qui s'était manifestée dès les débuts du romantisme anglais, ainsi que par la tradition baroque du memento mori, liée aux curiosités archaïsantes du jeune poète.

https://www.dailymotion.com/relevance/search/baudelaire/video/x3auf1_une-charogne-charles-baudelaire_creation

Cette vidéo plonge l'auditeur dans une ambiance presque pastorale, menée par le chant feutré d'un duo aux voix éthérées. L'atmosphère y est mélancolique, schizophrène, jouant sur le malaise indéfinissable qu'elle suggère. Elle mène ainsi dans les hautes sphères du spleen, traînant encore les souvenirs d'une existence terrestre. L'observateur semble passer de l'autre côté du miroir, mais regarde avec tristesse ce qu'il laisse derrière lui.
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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedLun 18 Fév - 11:24

Effectivement, étrange vidéo... Le malaise vient-il de cette musique sourde et angoissante où de l'image noir aux reflets passés?
Ciel!!! Très étrange...
Quant à toi mon pauvre Guillaume, sache que s'aimer soi est l'assurance d'une belle et longue histoire d'amour!! Pour moi, ça vaut tout le reste I love you
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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedJeu 21 Fév - 15:45

eh bah tu vois que ça ce fait bien!!!! Vive nous!!!
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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedVen 29 Fév - 18:41

Ouais...
Nous sommes quand même très égocentrique non??
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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedSam 1 Mar - 16:43

Très très belle conjugaison, on révolutionne la grammaire française là non?
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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedMar 4 Mar - 21:30

Et je répondrai: qu'est ce que le point? (Je repère quand même le progrès, il y a un oui au lieu du non habituel!)
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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedDim 9 Mar - 15:28

Je dirais plutôt qu'il doit se sentir un peu mort....
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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedDim 9 Mar - 16:53

Je dirai quand à moi qu'au stade où il en est, il ne doit plus sentir rien du tout
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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedSam 15 Mar - 12:50

"Charles Baudelaire doit se sentir un brin abandonné en cet instant..."

J'aborderais donc, pour pallier cette solitude, le procès des Fleurs du mal qui eut lieu le 20 août 1857 à l'audience de la 6 ème Chambre Correctionnelle, devant laquelle sont traduits escrocs, souteneurs et prostituées, et qui contraignit le poète à retrancher plusieurs poèmes des Fleurs du mal pour outrage à la morale publique.
Sous le Second Empire, la justice engage régulièrement des poursuites contre les écrivains qu’elle accuse de publier des œuvres immorales. C’est ainsi qu’en 1853 les frères Goncourt sont poursuivis pour un article qui leur vaut d’être blâmés. Au début de l’année 1857, un procès est intenté à Gustave Flaubert pour son roman Madame Bovary (Flaubert est acquitté le 7 février). C’est donc dans ce contexte que paraissent Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire au mois de juin1857, suscitant le déchaînement de la presse qui dénonce «de semblables monstruosités».
Les attaques des journalistes attirent l’attention de la justice sur un certain nombre de poèmes, considérés «comme un défi aux lois qui protègent la religion et la morale». Aux arguments de ceux qui incriminent quelques expressions ou passages jugés choquants, Baudelaire oppose le sens général de son œuvre : «Le livre doit être jugé dans son ensemble, et alors il en ressort une terrible moralité.» C’est en vain qu’il fait intervenir ses amis, Théophile Gautier ou Prosper Mérimée. Barbey d’Aurevilly écrit un article qui fait l’éloge du livre, mais le journal refuse de le publier. La police saisit les exemplaires des Fleurs du mal. Le procès est fixé au 20 août.
Le procès de Baudelaire ne dure que quelques heures ; le processus de Pinard (qui était aussi le procureur général dans le procès intenté à Madame Bovary) est simple: dresser un catalogue de passages isolés les plus outrageants, afin de démontrer à la cour l'offense indéniable à la morale publique et religieuse. Il accuse la poésie de
Baudelaire de manquer «au sens de la pudeur», et de multiplier «les peintures lascives».
La défense de l'avocat de Baudelaire, Maître Chaix d'Est-Ange, n'est guère plus brillante. Gêné dans sa plaidoirie par un poète qui préférerait se défendre seul et sans que soient abordés certains points de sa vie privée et familiale, le défenseur se contente essentiellement de comparaisons avec d'autres ouvrages fort connus, pourtant équivoques, mais jamais poursuivis. Il plaide l’indépendance de l’artiste et la beauté de l’œuvre.
Persuadé qu’il sera acquitté, Baudelaire est abasourdi quand tombe la sentence.
En effet, le verdict est à la hauteur des plaidoiries (vite fait, mal fait): le tribunal ne relève pas l'offense à la morale religieuse, mais considère qu'en se qui touche à la morale publique et aux bonnes moeurs, il y a bien lieu à condamnation.
Il ordonne la suppression des poèmes suivants: Les Bijoux, Le Léthé, A celle qui est trop gaie, l'une des Femmes damnées , Lesbos, les Métamorphoses du Vampire .
Baudelaire et ses éditeurs sont condamnés à payer une amende, et sont privés de leurs droits civiques.
Le soir même du verdict, Baudelaire apparaît dans une brasserie parisienne en «toilette de guillotiné», portant une chemise sans col et les cheveux rasés. Il éprouve un profond sentiment d’injustice qui ne le quittera plus. La seconde édition des Fleurs du mal lui permet d’ajouter de nouveaux poèmes au recueil, mais Baudelaire se sent incompris par le public et rejeté par la société.
Il faut attendre la mort du poète, en 1867, pour que le livre rencontre le succès et soit reconnu comme un chef-d’œuvre.
En 1949, la cour de cassation annule la condamnation des Fleurs du mal, considérant que les poèmes «ne renferment aucun terme obscène ou même grossier».


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MessageSujet: Re: Charles Baudelaire   Charles Baudelaire Icon_minipostedSam 15 Mar - 15:27

Baudelaire fut donc, à sa manière, de part le rejet de son œuvre, un incompris et un rejeté de la société... Intéressant...
Baudelaire se sentait-il amputé d'une partie de lui même au travers des œuvres interdites, Baudelaire ressentait-il l'injustice d'une décision plus tard abolie?
Etrange vie qu'a menée cet homme, oscillant entre poésie amère et mélancolique et vulgaire (correspondances de Baudelaire assez salées paraît-il...?)
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